Depuis plusieurs mois, on la voit partout : dans les stories, sur YouTube, dans les sacs des gamers et même sur les bancs des clubs de sport… Holy Energy®, la boisson « saine et révolutionnaire » qui promet de remplacer Red Bull, Coca et compagnie, fait un carton chez les jeunes. Mais derrière ses couleurs flashy, son marketing agressif et ses influenceurs convaincus, la marque cache une réalité bien moins sexy.
Entre composition ultra-transformée, manque de transparence, accusations de greenwashing et distribution massive auprès de mineurs, Holy Energy est aujourd’hui au cœur d’une polémique qui soulève de vraies questions sur la santé, l’éthique et le rôle des créateurs de contenu.
Un marketing taillé pour séduire… mais qui floute les lignes
Holy coche toutes les cases d’un produit pensé pour cartonner en ligne : un branding pop, un site léché, des sachets pratiques, des promesses santé alléchantes… et surtout des partenariats à la chaîne avec des youtubeurs, streamers et sportifs, jeunes et populaires. Le message est clair : Holy, c’est fun, cool, naturel et meilleur pour toi que toutes les boissons sucrées classiques.
Sauf que derrière cette façade, le discours simplifie à l’extrême des réalités nutritionnelles beaucoup plus complexes.
Une liste d’ingrédients longue comme le bras
Sur le papier, Holy clame être « sans sucre », « riche en minéraux », « meilleure pour la planète ». Mais dans la réalité, la boisson contient plus d’une vingtaine d’ingrédients, dont des édulcorants puissants comme le sucralose ou l’acésulfame K, des additifs, des arômes artificiels, des substances encapsulées comme la NewCaff®, et bien d’autres noms obscurs que vous n’avez pas dans votre cuisine.
Résultat : un produit ultra-transformé, classé comme tel par les spécialistes de la nutrition.
Ce n’est pas parce qu’un produit est sans sucre qu’il est bon pour la santé.
Ce n’est pas parce qu’il est « plus sain que Red Bull » qu’il devient sain tout court.
Que contient vraiment Holy ? Analyse des ingrédients
Holy Energy se positionne comme une alternative « plus saine » aux boissons énergisantes classiques. Mais en analysant la liste des ingrédients et les valeurs nutritionnelles des produits comme Spider Cola, on découvre une réalité bien différente : une composition longue, complexe, et très éloignée du “naturel” vanté par la marque.
Plus de 20 ingrédients par portion
Une dose de Holy Energy contient plus de 25 ingrédients différents, dont plusieurs sont reconnus comme additifs, édulcorants ou substances ultra-transformées. Parmi eux :
- NewCaff® (caféine encapsulée) : 80 mg
- Caféine naturelle : 80 mg
→ Soit 160 mg de caféine totale par dose (l’équivalent de deux expressos ou d’un Red Bull 250 ml)
- Sucralose et acésulfame K : deux édulcorants artificiels controversés, au pouvoir sucrant 300 à 600 fois supérieur au sucre
- Acide citrique, acide malique, citrate de sodium : acidifiants fréquemment utilisés dans l’industrie agroalimentaire
- Extrait de thé vert (EGCG) : 36,7 mg
→ À noter : 800 mg/jour est la limite maximale recommandée en Europe
- L-Tyrosine (acide aminé nootropique) : 140 mg
- LipoCholine® : 500 mg (forme brevetée de choline)
- Inositol, pipérine, ginseng, vitamines B2-B3-B5-B6-B12, D3, C… : des ajouts « santé » très présents dans le discours marketing
💡 À retenir : si certains de ces ingrédients sont utilisés dans des compléments alimentaires reconnus, c’est leur combinaison à haute dose et leur consommation quotidienne qui posent problème.
Des vitamines, oui… mais est-ce nécessaire ?
Par dose (7 g), Holy fournit :
- 102 % des apports journaliers en vitamine C
- 100 % à 107 % des AJR pour les vitamines B2, B3, B5, B6, B12 et D3
Problème : ces apports sont déjà largement couverts dans une alimentation équilibrée. Consommées en excès et combinées à d’autres produits enrichis (multivitamines, barres énergétiques, etc.), elles saturent inutilement l’organisme.
Une sensation de “zéro sucre” trompeuse
Holy se vante d’être “sans sucre”, ce qui est techniquement vrai : la boisson ne contient que 0,2 g de sucres pour 500 ml. Mais cette absence est compensée par des édulcorants très puissants, qui :
- stimulent les récepteurs du sucre de façon artificielle
- peuvent entretenir voire aggraver l’addiction au goût sucré
- perturbent les signaux de satiété dans le cerveau, selon plusieurs études
Et surtout : le goût final est perçu comme plus sucré que du Coca-Cola, selon de nombreux retours consommateurs.
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Une boisson ultra-transformée, selon la classification NOVA
En cumulant :
- des édulcorants artificiels
- des additifs texturants et acidifiants
- des extraits concentrés encapsulés
- des arômes artificiels et colorants
Holy coche toutes les cases des produits “ultra-transformés” (NOVA 4), catégorie de plus en plus mise en cause dans les problématiques de santé publique (diabète, obésité, maladies inflammatoires…).
Et côté sécurité ?
Selon les recommandations européennes :
- La caféine ne devrait pas dépasser 100 mg/jour chez les 12-17 ans.
Une seule dose de Holy = 160 mg !
- L’EGCG (thé vert concentré) est potentiellement toxique au-delà de 800 mg/jour. Une seule dose en apporte déjà près de 5 %, sans compter d’éventuelles autres sources (thé, complément, etc.)
- L’usage de sucralose et acésulfame K est autorisé, mais plusieurs études récentes alertent sur leurs effets à long terme sur le microbiote et le métabolisme – des effets encore mal connus.
Verdict : un cocktail de marketing et de molécules
Holy Energy, malgré son image cool et “healthy”, est un produit ultra-transformé à consommer avec précaution, notamment chez les jeunes, les sportifs réguliers ou les personnes sensibles à la caféine.
Loin d’un simple substitut au soda, c’est une boisson fonctionnelle aux effets physiologiques réels, qui ne devrait en aucun cas être consommée plusieurs fois par jour comme cela est souvent présenté par les influenceurs.
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Des effets secondaires réels et sous-estimés
Plusieurs testeurs et consommateurs réguliers de Holy Energy rapportent :
- Un goût extrêmement sucré, parfois plus fort que celui d’un soda classique,
- Une sensation de « faux boost » suivie d’un coup de fatigue,
- Des troubles digestifs (notamment avec le magnésium en grande quantité),
- Et même, dans certains cas, des problèmes hépatiques potentiels (foie gras, surdose de minéraux, etc.).
Ajoutez à cela une dose de caféine équivalente à un double espresso dans certaines gammes, et vous avez une boisson qui, consommée régulièrement, peut facilement faire exploser les seuils recommandés, surtout chez les ados.
Une cible floue : sportifs, gamers… enfants ?
Holy brouille volontairement les pistes : elle s’adresse à la fois aux sportifs et aux gamers, avec un discours qui vante « l’énergie », « l’hydratation », « la concentration », sans jamais différencier les besoins réels des deux profils.
Or :
- Un sportif a besoin de glucides et de minéraux spécifiques pendant l’effort.
- Un gamer sédentaire n’a aucun intérêt à consommer autant de stimulants ou d’électrolytes.
Pire : des clubs de foot juniors sponsorisés reçoivent des cartons entiers de Holy, sans aucun encadrement, ni avis médical, ni information claire sur la dose journalière recommandée.
Le greenwashing : un écran de fumée ?
Holy joue aussi la carte de l’écologie, en valorisant ses sachets déshydratés plutôt que les canettes ou bouteilles plastiques. Si l’intention est louable, le processus de lyophilisation est énergivore, et la marque ne fournit aucune donnée précise sur sa fabrication, ses fournisseurs ou son empreinte carbone globale. Un simple calcul d’émissions CO2 sur un trajet de livraison ne suffit pas à faire de Holy une alternative écologique crédible.
Ce que les influenceurs ne vous disent pas
Le plus gênant reste sans doute le rôle des influenceurs, qui, pour beaucoup :
- Présentent Holy comme une solution miracle sans mentionner les précautions à prendre,
- Ne consomment pas la boisson au quotidien, ou admettent ne pas en consommer hors sponsor,
- Et surtout, n’ont souvent pas creusé les effets à long terme de ces ingrédients ultra-transformés.
Et pourtant, ils la recommandent à des centaines de millions de jeunes, chaque jour.
Comment consommer ce type de boisson en conscience ?
Si vous tenez à tester Holy Energy ou toute autre boisson du même genre, voici quelques conseils simples :
✅ Limitez votre consommation à 1 portion maximum par jour, pas plus.
✅ Évitez tout usage avant 16 ans, ou sans avis médical si vous êtes sportif.
✅ Lisez tous les ingrédients, même ceux écrits en tout petit.
✅ Ne remplacez pas l’eau ou les boissons naturelles par ça.
✅ Ne croyez pas que “pas de sucre = bon pour la santé”.
✅ Et surtout… faites-vous votre propre avis avec un esprit critique.
Des alternatives vraiment saines aux sodas, est-ce possible ?
Soyons clairs : l’objectif ici n’est pas de critiquer Holy gratuitement. La marque a le mérite de proposer une version bien plus équilibrée que la majorité des sodas classiques. Mais si l’on prend un peu de recul, il faut reconnaître que 90% des sodas – même ceux qui se disent “naturels” ou “faibles en sucre” – restent des produits ultra transformés, souvent bourrés d’additifs, d’arômes artificiels ou d’édulcorants pas toujours clean.
Alors, existe-t-il des boissons réellement saines, moins transformées, plus proches du naturel ? La réponse est oui, mais il faut savoir où chercher. On vous présente ici quelques alternatives à découvrir et qui sont composés de moins de 10 ingrédients :
En conclusion
Holy est-elle une arnaque ? Non.
Mais est-ce une boisson saine, adaptée à une consommation quotidienne, surtout pour les jeunes ? Absolument pas.
Sous ses airs cool et ses promesses santé, Holy Energy illustre parfaitement les dérives d’un marketing bien rodé qui brouille les messages, exploite les failles de la réglementation, et cible sans complexe une audience jeune et influençable.
La vraie question n’est pas de diaboliser Holy… mais de se demander si, en 2025, on ne mérite pas mieux qu’un soda déguisé, porté par des influenceurs qui n’en boivent pas (#Prime).